Ne me ressemble pas trop, mon Amour…

Quand ma fille est née, elle ressemblait beaucoup à son grand frère. Vraiment beaucoup.
Et au fil du temps, tout le monde s’est accordé pour dire que c’est à moi qu’elle ressemble, tout aussi bleus soient ses yeux, tout aussi blonds soient ses cheveux. Il parait que c’est mon portrait craché.
Comme ça, instinctivement, je me sens fière, une vanité naturelle. Ma petite fille me ressemble, les autres me voient dans ses sourires, ses mimiques… Et elle est si belle. Si belle.
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Le chant des sirènes.

Là, dans mon estomac, juste en dessous du cœur, était un boulet de canon, j’en avais la nausée. La rage aux bords des lèvres. Le mal de mer.
La mèche réclamant la flamme qui la consumerait, depuis ce jour, si récent, où tout ce qu’il pouvait rester de beau a été effacé par quelques mots odieux d’irrévérencieuse désinvolture.
Tout les « pardons » du monde et toutes les tentatives de justifications ont été vaines à apaiser l’affront. Le mal est fait.
Comme il aurait été facile de laisser cet explosif faire les dégâts inéluctables qu’il porte en lui. Simplement ouvrir la bouche et laisser jaillir l’opprobre en un flot de vérités implacables.

Mais à quoi bon ?
Ma vie à moi est exempte de mensonges et de dissimulations. Je suis forte du choix que j’ai fait et que je réitère chaque jour. S’il y a eu des doutes, s’il y a eu des regrets, il ne reste plus que des certitudes. Ma place est exactement où je me trouve. Droite dans mes bottes. La confession et le pardon en étendards. Je n’ai pas besoin de profiter de l’ignorance de ceux que je dis aimer pour satisfaire à mes désirs égoïstes. Mon bonheur est avec eux, je navigue sereinement dans leurs sillons. Je ne me mens plus.

Je me suis leurrée, encouragée par les douces mélopées des sirènes. Mais ces créatures chantent pour quiconque les écoutent.
Je ne les réduirai pas au silence. Je les laisserai noyer proie après proie. Je les ai percées à jour, j’ai vu leur vrai visage. Leurs voix fredonnent ce qui plaît à entendre, mais ce n’est que pour couvrir les hurlements de la solitude en leur cœur et apaiser le feu qui brûle dans leur ventre.

Je vogue sur mon beau et fier navire. Je fais fi des tempêtes.
La vie, comme l’océan donne et reprend.
Les munitions sont précieuses. Je garde mes boulets de canon pour les vraies batailles.

J’étais simple matelot, je suis devenue pirate.

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(Waterhouse – The siren)

Demain…

La punch line des contes de fées devrait être « Ils eurent des enfants et essayèrent d’être heureux » ça collerait plus à la réalité.
Mais on apprend toutes en grandissant que les contes de fées sont trop beaux pour être tout à fait honnêtes.
La princesse est fragile et le prince est charmant.
Jusque ici, tout va bien.
Le prince est là, tous les jours, pas toujours si charmant au quotidien. Il fait fi des romans dont on abreuve les jeunes filles. Il est vrai. Pas une figure de pacotille aux bords polis pour ne pas blesser.
La princesse, pour elle et grâce à lui a changé, elle est devenue « ni tout à fait la même, ni tout à fait une autre ». Grace à lui. Mais elle ne le sait pas. Elle voit le changement en elle, mais lui reste le même. Elle ne comprend pas que lui était, est et sera toujours le même, que tel qu’il est, il l’aimait, l’aime et l’aimera toujours. Elle cherche dans son regard un élan qui soit différent, qui la flatte. Tellement centrée sur elle même, son nouveau soi dont elle est fière qu’elle en oublie que son amour à lui n’est pas seulement dans son regard mais dans tous ses actes.
Elle lui en veut, elle rêve d’autre chose. De passion, de déclarations, de romantisme. Des manifestations rassurantes et faciles qui font écho à ce caractère de midinette que l’on cultive très tôt dans la vie d’une fille.
Elle croit à un amour soudain, absolu, déraisonnable qui la transporte.
Mais très vite, la culpabilité, les doutes.
Elle lui dit tout. L’indicible, l’impardonnable, la déchirure peut être.
Ô, vice des sentiments qui se mêlent. L’espèce de satisfaction de voir sa douleur bien réelle, cette jalousie qu’il n’avait jamais eu à laisser paraître, cette envie d’en découdre, de partir en bataille, pour elle.
Il attrape cette main qui devenait fuyante et l’entraîne vers Sa Vie, la vraie, avec les pieds posés sur le sol, ses deux enfants dans les bras et demain devant.
« Regarde Demain. Regarde hier. Je suis toujours là, avec toi, pour toi. Emplie toi de nouveau de Nous. Nous quatre, le début, le chemin.
Regarde moi, je suis le même, celui qui te sais, celui qui t’a laissée être, qui ne fait pas que te regarder mais qui te voit. Celui qui accepte et pardonne que tu aies emprunté le sentier de la perdition et qui t’accueillera, à ton retour, avec le même amour, la même complicité, simplement, sans t’accabler. Je suis ton époux pour le meilleur et pour le pire. »
Et elle se sens forte, les mirages disparaissent comme s’effacent les mots prononcés à la hâte face à ces actes à lui, inlassables preuves de ses sentiments absolus.
Il n’est pas le prince charmant de son conte de fées. Il est le Roi, celui qui digère les défaites pour mieux gagner la guerre.
Il les remportera toutes, il a son cœur à elle qui bat à l’unisson du sien pour rythmer leurs pas vers demain.

Dommages collatéraux.

Parfois, tu fais des choses, plus ou moins bien considérées, plus ou moins réfléchies, que tu vas plus ou moins regretter.
Mais tu les fais quand même, parce que tu n’es qu’un être tout ce qu’il y a d’humain, et par humain, je n’entends pas que sa version la plus reluisante.
Et dans tes choix, il y a des choses et des personnes qui se retrouvent impliquées, par ce que c’est comme ça, ça n’est pas forcément toi qui l’as décidé, pour le coup, mais elles se retrouvent là, au milieu de tout.
Et toi, tu décides de tourner cette page, pour ne pas souffrir. Oui, c’est une fuite, une fuite en avant pour se sauver soi-même, en laissant derrière tout ce qui peut te rappeler ces événements douloureux. Et ça te coûte aussi, parce que tu as un cœur, même imparfait, même cabossé, même mal foutu. Un cœur qui doit retrouver son rythme pour pouvoir battre pour ce qui compte, ceux qui comptent, ta vie, la vraie, trop longtemps imaginée différente, en vain, ta famille trop longtemps délaissée.
Alors tu lâches prise, tu regardes le tableau, il y a de belles choses, des choses qui t’ont attiré le regard et l’âme et que tu as aimée, des petites touches de couleurs, du vert, du bleu… Mais l’ensemble du tableau, c’est un souvenir trop lourd, et tu ne peux pas découper ce petit morceau pour l’emporter avec toi, parce que ce morceau, s’il n’est pas l’œuvre complète, quand tu le regarderas, tu y penseras, tu le reverras, tu ne l’oublieras jamais.
Et ce dont tu as besoin c’est d’oublier. C’est très difficile, tu te dis que tu n’y arriveras pas, parce qu’il y avait une lumière si belle et ces petites touches de vert et de bleu…
Mais le temps atténuera la clarté du souvenir, les traits s’estomperont, les couleurs seront moins vives, la vie continuera.

Les trois sphinx de bikini